Espace ressources : Iphigénie en Tauride

En co-production avec Angers-Nantes Opéra !

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"Sa partition nous parle de l’affection viscérale d’un frère et d’une soeur, de l’amour familial. Elle nous interroge sur la barbarie, et donc sur la tolérance : ne sommes-nous pas tous barbares aux yeux d’un autre ? Elle nous fait pleurer sur la beauté de l’amitié. Elle associe, avec un vertigineuse éloquence, le sacrifice humain à la pulsion suicidaire. Et elle nous touche ainsi au plus profond, comme tous les grands chefs-d’oeuvre." - Alain Surrans et Matthieu Rieztler

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Découvrez ce WEB-DOCUMENTAIRE : Iphigénie à l'Opéra: on vous dit tout.

Websérie de 15 courts épisodes offrant une immersion dans les coulisses de notre première production de saison, Iphigénie en Tauride mis en scène par Julien Ostini. Chaque épisode est à retrouver sur la chaîne Youtube d'Angers Nantes Opéra !

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Rencontre avec Diego Fasolis et Julien Ostini
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C-G : Que représente pour vous cet épisode de l’histoire d’Iphigénie ?

J-O : C’est un évènement qui a lieu avant la guerre de Troie, et qui trouve un dénouement quinze ans après, dans l’une des conclusions de l’Iliade qui m’interpelle le plus. Il ne s’agit pas de combats épiques, nous sommes sur l’intime et le plus profond de l’être humain. L’opéra interroge le rapport à l’exil, et comment peut-on vivre seul et sans but quand on est déraciné. Est-il bien nécessaire de survivre lorsque, comme Iphigénie et Oreste, on a perdu tout regard extérieur pour se construire ? Ces deux êtres brisés se retrouvent cependant dans l’amour de la fraternité. A la question de l’altérité et du regard de l’autre s’ajoute une représentation du monde occidental assez frappante, incarnée par la figure de Thoas, le roi des Scythes, un peuple qui possède beaucoup d’or. Ce monarque ordonne que l’on exécute tous les étrangers parce qu’il ne veut pas partager. (…)

D-F : (…) L’oeuvre explore la profondeur psychologique de l’être humain, face à des choses qui le dépassent et qu’il ne peut éviter. Chaque personnage est soumis au destin. Il y a eu le meurtre de la mère avant le début de l’opéra, Oreste retrouve ici sa soeur, et Iphigénie est condamnée à tuer des étrangers sans raison, mais elle a une réaction quand on lui demande d’exécuter son frère. Thoas est également obligé de tuer, par peur de l’autre. Les thèmes sont effectivement très actuels. (…). C’est pourquoi, par-delà une belle musique, cet opéra peut encore contribuer à faire évoluer l’humanité, et à l’inciter à rester humble.

 

(Extrait d'une rencontre avec JULIEN OSTINI et DIEGO FASOLIS par Christophe Gervot)

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Qui est Diego Fasolis ?

Diego Fasolis est connu dans le monde entier comme l’un des interprètes de référence pour la musique historiquement informée.

Il a étudié à Zurich, Paris et Crémone en obtenant quatre diplômes avec distinction. Il a commencé sa carrière dans les années 80 en tant qu’organiste de concert, se produisant dans des centaines de concerts et exécutant régulièrement les oeuvres complètes de Bach, Buxtehude, Mozart, Mendelssohn, Franck et Liszt. Il est ensuite devenu directeur musical.

Pour son engagement dans la redécouverte du répertoire lyrique, il a reçu de nombreux prix parmi lesquels de nombreux Disco d’Oro, le Grand Prix du Disque pour son travail sur Haendel et Vivaldi et un Echo Klassic pour l’opéra Artaserse de Léonard Vinci. En 2014, il a été nominé pour deux Grammy Awards.

Qui est Julien Ostini ?

Comédien et violoniste de formation, il signe sa première mise en scène d’opéra en 2013, au Grand Théâtre de Genève : Siegfried ou qui deviendra... de Peter Larsen

Il est le fondateur et le directeur artistique de « Linière(s) », un château dans la campagne mayennaise (53) qu’il réhabilite en tiers-lieu culturel.

Depuis juillet 2017, il lance un projet citoyen, participatif et bénévole autour de l’opéra afin d’amener l’art lyrique au plus près des populations rurales. Dans ce cadre, il a produit et mis en scène en plein air Carmen, Aïda et Le Trouvère, des opéras qui ont attiré chaque été plus de 1200 spectateurs à chaque représentation.

Cette saison 2020, Julien Ostini est invité à mettre en scène Iphigénie en Tauride de Gluck par Angers Nantes Opéra et l’Opéra de Rennes

Gluck, un compositeur classique

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Gluck est né dans une famille de veneurs et de forestiers de Bohème. Le père de Christoph Willibald entend que son fils suive la tradition. Mais celui-ci s’intéresse plutôt à la musique, apprend le violon et joue en secret de la guimbarde ! Il part à Prague dès qu’il a l’âge de s’émanciper et commence des études de philosophie. Mais il préfère suivre l’enseignement musical d’un franciscain et aller au concert entendre la musique italienne. Il est ensuite nommé maître de chapelle à Milan, où il se forme auprès du compositeur Sammartini. Il restera plusieurs années en Italie pour y créer ses premiers opéras, Artaserse à Milan, Demetrio à Venise, Tigrane à Crémone, la plupart sur des livrets du grand poète italien Metastasio. Après une période d’itinérance en Europe avec une troupe de musiciens italiens, Gluck épouse Marianne Pergin à Vienne en 1750, fille d’un riche négociant viennois avec qui il est fiancé depuis deux ans. Ses plus grands succès sont à venir. Le premier est La Clemenza di Tito au San Carlo de Naples en 1752. Le castrat Caffarelli chante Sesto, dont l’air « Se mai senti spirarti sul volto » (Si tu sens passer un jour sur ton visage…) créé une grande émotion dans le public, incitant Gluck à le réutiliser plus tard dans Iphigénie en Tauride.

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En 1774, Gluck se rend à Paris, à l’invitation de la jeune Marie-Antoinette dont il avait été le professeur en Autriche. « Je suis sur le point d’aller à Paris pour produire l’Iphigénie en Aulide sur le grand théâtre de l’Opéra. L’entreprise est certainement hardie et les obstacles seront grands parce qu’elle doit attaquer de front des préjugés nationaux contre lesquels la raison ne suffit pas. » Les résistances auxquelles doit s’attaquer Gluck dans sa volonté de rénover la tragédie en musique sont au moins aussi puissantes qu’en Autriche : un siècle s’était écoulé depuis que Lully avait élaboré un modèle d’opéra français (Cadmus et Hermione, 1673), où la primeur était donnée à la compréhension de la langue. Régulièrement représentées après la mort du musicien, les tragédies de Lully constituent les premiers opéras « de répertoire » européen. Doté d’une connaissance des œuvres du passé, le public français possédait donc des exigences particulièrement précises envers les pièces nouvelles.

Après avoir offert à l’opera seria une subtilité musicale et une efficacité dramatique inouïes, Gluck devait faire briller d’un éclat nouveau la tragédie française. Dans cette bataille, le musicien allemand trouva pourtant un allié de poids : le philosophe français Jean-Jacques Rousseau. « L’Iphigénie renverse toutes mes idées. Elle prouve que la langue française est aussi susceptible qu’une autre d’une musique forte, touchante et sensible. » (Jean-Jacques Rousseau le, 17 avril 1774).

C’est, une fois encore, par une réflexion inspirée des tragiques grecs que Gluck renouvelle les codes. En 1779, Iphigénie en Tauride révolutionne le genre. Ouverture où se confondent les éléments déchaînés et l’âme tourmentée de l’héroïne, rôle expressif de chœurs commentateurs et acteurs de l’action – selon les préceptes grecs –, grands sentiments communs… L’opéra selon Gluck retrouve la grandeur lullyste tout en transposant l’expression du tragique à la collectivité.

Le musicien allemand trouve pourtant sur sa voie des obstacles étrangers à la musique : « Je me laisserai difficilement persuader d’être de nouveau l’objet de la critique ou des louanges de la nation française car ils sont changeants comme des coqs rouges. » En 1776, Alceste avait ravivé la querelle franco-italienne. Quelle langue, de l’italien ou du français, est la plus propre à l’expression musicale ? À travers ce débat esthétique, l’affrontement politique latent de deux princesses (Marie-Antoinette, soutien de Gluck, et la Comtesse Du Barry, défenseuse du clan italien) et, surtout, de deux images de la France. Malgré le succès d’Iphigénie en Tauride, l’intérêt d’un musicien étranger pour la scène française reste problématique dans une nation où musique et pouvoir ont part liée.

 

Retrouvez le contexte de création en suivant ce lien !

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Orphée et Euridice est créé à Vienne en présence de l’impératrice, en 1762. Le castrat Guadagni chante le rôle d’Orphée. Cette première version italienne sera suivie en 1774 de son adaptation française, avec un ténor qui malgré les inquiétudes du compositeur remporte les suffrages. Jean-Jacques Rousseau applaudit et Julie de Lespinasse, égérie des Encyclopédistes, se pâme, écrivant que « ses larmes et sa douleur sont douces » !

Après sa période viennoise, qui voit aussi la création d’Alceste, Gluck prépare son arrivée à Paris en se disant fervent partisan de la tragédie lyrique française. Il se lance alors dans le projet Iphigénie, la tragédie d’Euripide, sur un livret adapté de la pièce de Racine représentée à Versailles un siècle plus tôt. Iphigénie en Aulide est en 1774 un véritable phénomène parisien. Les répétitions compliquées font parler tout le milieu musical jusqu’au roi et la reine, et le succès est au rendez-vous malgré certains opposants germanophobes.

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En bref...

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Iphigénie qui devait être immolée par son père Agamemnon pour permettre l’expédition contre Troie, a été sauvée et transportée par Diane en Tauride où elle est devenue prêtresse de la déesse. Son frère Oreste, qu’elle croit mort, arrive par hasard en Tauride, accompagné de son ami Pylade. Condamné pour avoir tué sa mère Clytemnestre à mourir immolé par la prêtresse, Oreste est reconnu in extremis par sa soeur. Diane se laisse fléchir. Oreste pourra regagner Mycènes avec Iphigénie pour y régner.

Le destin d’Iphigénie, fille d’Agamemnon et Clytemnestre, est riche de conflits dramatiques et de situations pathétiques propres à susciter la terreur et l’émotion du public auquel Gluck veut s’adresser. Recherchant la simplicité et le naturel dans l’expression lyrique des sentiments, le compositeur se détourne des intrigues compliquées et des prouesses vocales de l’« opera seria ».

Avec ce nouvel opéra, le public semble retrouver le goût du théâtre. Grimm écrit : « Je ne sais si c’est là du chant, mais peut-être est-ce beaucoup mieux ». Iphigénie en Tauride, dernier triomphe parisien de Gluck, s’inscrit dans le cadre mouvementé de la fameuse querelle opposant les « gluckistes » aux « piccinistes ». Les partisans du compositeur napolitain Piccini louaient la supériorité de l’opéra italien sur l’opéra français, que Gluck et ses admirateurs tenaient pour « le véritable genre dramatique musical ».

Avec cette Iphigénie en Tauride, Gluck remporte un triomphe décisif en mettant en oeuvre les grands principes de sa réforme de l’opéra, mais l’échec de son oeuvre suivante, Echo et Narcisse, le convainc de quitter la France quelques mois plus tard. La fameuse querelle s’éteint et en 1781, l’oeuvre jumelle de son rival Piccini, sera donnée dans l’indifférence.

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Dans quel contexte ?
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Iphigénie en Tauride est créée avec autant de succès cinq ans plus tard à l’Académie royale de musique, en présence de la reine Marie-Antoinette. On est alors en pleine querelle musicale entre Piccinni et Gluck, arbitrée sans trancher pour l’un ou pour l’autre par le Padre Martini, historien de la musique respecté de tous. Prolongement de la Querelle des Bouffons née vingt cinq ans plus tôt, cette nouvelle querelle esthétique éclot sur fond de nationalisme. C’est dans cette ambiance que le pauvre Mozart débarque à Paris en 1778, et s’en trouve la victime collatérale en repartant chez lui sans commande ni succès parisiens. Gluck, quant à lui, connaît un échec avec son ultime opéra présenté à Paris, Écho et Narcisse, une pastorale sur un livret assez faibleLe compositeur, malade, rentre à Vienne très déçu. Il devient une gloire vieillissante et ne compose plus d’opéra. Il meurt en 1787, laissant à sa femme une petite fortune.

 

Extrait de radioclassique.fr

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Pour aller plus loin : la querelle des bouffons !
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