Espace ressources : Trois contes
Trois Contes est un projet d'opéra de chambre en forme de triptyque, composé par Gérard Pesson. Il s'agit de l'adaptation très libre de deux contes : La Princesse au petit pois d'Andersen etLe Diable dans le beffroi d'Edgar Allan Poe et d'un ouvrage de Lorenza Foschini portant sur le manteau de l'écrivain Marcel Proust, Le manteau de Proust.
Les trois récits sont distincts, autonomes, mais entre eux circulent des éléments, des échos, des thèmes communs. Ce serait, comme une invitation à interpréter ce que l’on écoute et ce que l’on voit, à tisser des liens, à construire soi-même un sens. Trois Contes serait donc ce qu'Umberto Eco appelait une « oeuvre ouverte », en faisant de cette qualité une condition de la modernité.
La Princesse au petit pois, court conte d’Andersen, sera ici une trame soumise à 6 répétitions-variations. À chaque version, un rapport différent entre la musique et le texte.
Le récit du Manteau de Proust commencera dans les sous-sols du musée Carnavalet où est gardé, dans un grand carton, ce manteau, trop fragile pour être exposé. Ainsi le musée, où l'on dépose le petit pois, fait la transition entre la première et la deuxième partie. Dans cet acte, au contraire du premier, la voix est moins présente. Le texte est parfois chantonné, parlé, donné en texte à lire, à déchiffrer.
La troisième partie, Le Diable dans le beffroi, est adaptée de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, qui par son ironie et son sens de la caricature préfigure la bande dessinée, ou le dessin animé. On aura ici un groupe choral de six voix ponctuant le récit d’un narrateur, le comédien belge Jos Houben. Le récit sera émaillé de refrains, de chansons, un folklore inventé. Comme dans la nouvelle de Poe, la structure du récit sera celle d’une conférence.
C'est donc au spectateur d'établir les liens thématiques et symboliques qui lient les trois oeuvres, et qui sont multiples, par delà leurs différences. Mais on peut insister sur l'idée que la figure de l'étranger circule entre les trois contes :
- la princesse arrivée de nulle part et qui doit passer une épreuve pour prouver ce qu'elle est
- l'écrivain Marcel Proust, étranger dans sa propre famille, par son art comme par ses moeurs
- l'étranger représenté comme le diable, faisant irruption au sein d'une communauté rivée mécaniquement à ses habitudes et qui, en la déréglant, réintroduit le principe libérateur de l'art, comme force de vie.
Ressources biographiques, mise en scène, décors présentation, résumé, scénographie et extraits de partitions, retrouvez tous ces éléments dans les dossiers pédagogiques rédigés par l'Opéra de Lille, réalisé avec la collaboration d’Emmanuelle Lempereur, enseignante missionnée à l’Opéra de Lille !
Veuillez trouver, en suivant ce lien, le dossier pédagogique rédigé par l'Opéra de Lille !
Gérard Pesson est né en 1958 à Torteron (Cher). Après des études de Lettres et de Musicologie à la Sorbonne, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il fonde en 1986 la revue de musique contemporaine Entretemps. Il est pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) de 1990 à 1992. Lauréat du Studium International de composition de Toulouse (1986), de Opéra Autrement (1989), de la Tribune Internationale de l’Unesco (1994), il obtient en 1996 le prix de la Fondation Prince Pierre de Monaco.
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Fils du comédien Jean Lescot, à qui il faisait répéter ses textes en apprenant tous les rôles lorsqu'il était enfant, David Lescot affiche très tôt son rêve de devenir un jour homme de théâtre. Il écrit et met en scène sa première pièce, 'Les Conspirateurs', en 1999, une “comédie musicale noire” qui mêle le théâtre à la musique et porte déjà la marque d'un théâtre protéiforme et décalé. Tout en étudiant les arts du spectacle, qu'il enseigne désormais à l'université Paris X, David Lescot a eu le temps de faire ses preuves en tant que dramaturge et metteur en scène.
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Découvrez l'orchestre National de Bretagne en fouillant leur site internet !
Hans Christian Andersen est né à Odense le 2 avril 1805, au sein d'une famille pauvre. Son père est cordonnier et meurt lorsqu'il a onze ans. Il part seul à quatorze ans chercher fortune à Copenhague.
Il est tenté par le chant, le théâtre puis la danse et travaille quelque temps pour le directeur du Théâtre Royal, qui financera plus tard ses études. Dès 1822, Andersen commence à publier ses premiers textes : un récit fantastique inspiré par E.T.A.Hoffmann, Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d'Amagre (1830). Il obtient son premier succès l'année suivante avec Reflets d'un voyage dans le Harz, récit d'un voyage en Europe.
Par la suite, il écrit d'autres romans souvent autobiographiques et d'inspiration romantique comme l'Improvisateur (1835), Rien qu'un violoneux (1837) ou Être ou ne pas être (1857), mais aussi des poèmes, des pièces de théâtre (Amour sur la tour Saint-Nicolai) et des récits de voyage tels que "Bazar d'un poète" (1842) et "Visite au Portugal" (1866)
Il écrit 164 contes, imprégnés de romantisme et associant le merveilleux et l'ironie. Loin d'imiter ses prédécesseurs dans le genre du conte (Perrault, Galland et Hoffmann, les frères Grimm), Andersen, dont le style est remarquable par l'utilisation habile et équilibrée du langage courant, des idiomes et des expressions populaires, arrive à exprimer admirablement, dans une langue très simple, les émotions les plus subtiles et les idées les plus fines, passant sans difficulté de la poésie à l'ironie, de la farce au tragique.
Ses contes mettent en scène des rois, des reines réels ou légendaires; des animaux, des plantes, des créatures magiques (sirènes et fées) et même des objets. Parmi ses contes, les plus célèbres sont Le Vilain Petit Canard, La Reine des neiges, Les Habits neufs de l'empereur, Les Cygnes sauvages et La Petite Sirène.
Il meurt à Copenhague le 4 août 1875. Ses histoires, traduites en plus de quatre-vingt langues, connaissent un succès durable et inspirent des écrivains, des metteurs en scène, des réalisateurs, des chorégraphes, des sculpteurs et des peintres.
Une première approche par le texte ? C'est toujours une bonne idée ! Voici le conte original...
" Ils sortent la boîte en carton. La descendent avec précaution, mais avec un certain détachement, comme si ce n’était pas à eux d’exhumer un si modeste objet. Moi, je suis là, debout, dans la salle éclairée au néon. Un parent appelé à reconnaître le corps d’un proche. Ils posent la boîte sur la table au centre de la pièce. À peine ont-ils soulevé le couvercle qu’une odeur de camphre et de naphtaline me saisit. En un instant, M. Bruson et son assistant disparaissent sous un voile, ce sont deux fantômes qui gesticulent, les bras en l’air, agitant des feuilles blanches. Lentement, à petits pas, souriant d’un air gêné, je m’approche de la table.
Devant moi se trouve le manteau, étendu au fond de la boîte comme sur un linceul : raidi par le rembourrage de papier, on dirait l’habit d’un mort. Des franges de papier de soie dépassent des manches, rembourrées elles aussi. Je me penche davantage, m’appuyant sur le plan métallique où repose la boîte et il me semble voir à l’intérieur un pantin sans tête et sans mains. Plein, corpulent, le ventre saillant. La présence de M. Bruson me met mal à l’aise. Avec son air poli, il fait semblant de ne pas me surveiller, mais je sais bien qu’il m’observe du coin de l’œil. Je ne résiste pas au plaisir d’effleurer la laine gris taupe, déchirée, élimée sur les bords."
Pour vous familiariser avec Marcel Proust, découvrez ce site ou prenez connaissance de ce document, rédigé par André Durand !
Premier tableau : Un village en Hollande
Divers villageois, dont le carillonneur, son fils, le maire et sa fille, sont dépeints. À midi, le carillonneur se prépare à remplir sa charge, mais le diable apparaît et fait sonner la cloche treize fois avant de descendre pour se mêler à la foule étonnée et la tourmenter. Le maire ordonne au fils du carillonneur de jouer de la musique sacrée au carillon pour chasser le diable, mais ce dernier la transforme en gigue à laquelle il fait écho avec son violon. Les villageois sont conduits irrésistiblement à danser, et le diable les amène au canal, mais avant qu'ils n'y plongent, le diable soulève subitement son archet, et la musique cesse.
Second tableau : Un village en Italie
Les villageois sont les mêmes que ceux du premier tableau, mais leurs caractères sont devenus bien plus sauvages. Seul Jean, le fils du carillonneur, est préservé de la magie du diable par son amour de la fille du maire. Cependant, cette dernière le nargue. Il monte dans le beffroi et prie à voix haute. Le maléfice du diable est rompu, et celui-ci disparaît dans un éclair rouge. Les villageois retrouvent leur état normal au douzième coup de cloche.
Edgar Allan Poe est un homme de lettres américain. Connu pour ses contes et ses nouvelles, il donne à ces genres leurs lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Il est également connu comme étant un auteur emblématique du mouvement romantique américain marquant la littérature du XIXe siècle.
Né le 19 janvier 1809 à Boston de parents comédiens qui décèdent très vite après sa naissance, il est adopté par une famille de négociants de tabac, les Allan. Après des études universitaires interrompues par manque d’argent en Virginie, il s’engage dans l’armée puis entre à West Point, une prestigieuse école d’officiers aux États-Unis, dont il se fait renvoyer en 1831. Il commence alors une carrière de journaliste et publie peu à peu ses contes et nouvelles. Son roman unique intitulé Les Aventures d'Arthur Gordon Pym sort en 1938 mais passe inaperçu. C'est à Philadelphie, là où il se fait engager comme rédacteur au Burton's Gentleman's Magazine et au Graham's Magazine, qu'Edgar Allan Poe se fait connaitre pour ses écrits.
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Genre particulier, il mérite qu'on s'y intéresse !
Ci-contre, un article intitulé Mort et Renaissancede l'opéra contemporain en Europe Occidentale par Aude Ameille.