Ressources - Julie M, en garde et en scène

Présentation

Une chanteuse, un metteur en scène et deux instrumentistes en répétition. Un récital autour du répertoire d’une femme hors du commun se construit. D’après une histoire vraie

Née en 1670, Mademoiselle Julie de Maupin a été le premier bas-dessus (mezzo-alto) de la troupe de l’Opéra de Paris où elle a chanté dans plus de 30 opéras composés par Campra, Lully, Destouches et autres compositeurs.

Dotée d’une liberté d’être remarquable, cette femme était aussi une grande escrimeuse, à la vie aussi courte que rocambolesque. Sa voix grave, son charisme et ses frasques lui ont assuré une notoriété de son vivant. À partir de la similitude de leur tessiture, la mezzo Camille Merckx lui rend un hommage aussi émouvant que drôle par un spectacle tout en proximité mis en scène avec malice par Jean-Michel Fournereau.

Les femmes dans la musique aux 17e et 18e siècles

D’abord, posez-vous cette question : connaissez-vous des femmes compositrices ? Faites deux listes : une pour les compositrices et une pour les compositeurs. Je parie que vous aurez plus de mal avec l’une d’elles. Mais je ne vous dis pas laquelle, pour garder un peu de suspense.

Où sont les femmes ?

Bach, Mozart, Beethoven, Chopin... La liste des grands noms de la composition est dominée par des hommes. Historiquement, les femmes ont souvent été exclues de cette pratique artistique. Pourtant, des compositrices existent depuis des siècles, mais la société ne leur a pas accordé la même reconnaissance que leurs homologues masculins.

Les femmes composent de la musique depuis aussi longtemps que la musique existe. Sappho est la première figure féminine associée à la composition musicale, bien qu'elle n'ait laissé aucune trace écrite. Vivant à Lesbos aux XIIe - XIe siècles avant J.-C., Sappho était une poétesse qui jouait d'un instrument à cordes entre la lyre et la harpe. Elle chantait des hymnes en l'honneur d'Aphrodite.

Déjà dans l'Antiquité, les femmes artistes étaient confrontées à des stéréotypes et préjugés. Elles étaient souvent perçues comme des courtisanes ou des prostituées dont le seul but était de divertir les hommes lors de soirées festives. Cette vision caricaturale a contribué à décrédibiliser les musiciennes.

Ces femmes compositrices ont depuis traversé les siècles et ont été présentes à toutes les périodes de l’histoire. Cependant, elles n’ont jamais été reconnues à égalité avec les hommes. Leur travail se faisait souvent dans des espaces confinés, comme la maison ou les institutions religieuses. Les femmes de manière générale n’avaient pas leur place dans l’espace publique. Il leur était souvent étroitement fermé. Même lorsqu'elles parvenaient à quitter la sphère privée, elles étaient dévalorisées. Les hommes ont longtemps monopolisé l'enseignement musical lié à la composition, qualifiant les œuvres des femmes "d'œuvres de dames" sans valeur. Ainsi, peu de femmes ont vu leur musique jouée et ont rencontré le succès de leur vivant.

Cette invisibilisation s’aggrave après leur mort. Le nom des femmes compositrices est passé aux oubliettes. Aujourd’hui, beaucoup sont connue simplement en tant que “la sœur de” ou “la femme de” sans considération pour leur travail. Dans une histoire écrite par les hommes, pour les hommes, les femmes n’ont que peu de place. En conséquence, il existe d’importantes lacunes dans l’enseignement artistique et les femmes rencontrent toujours des difficultés pour se faire une place dans le milieu de la musique.

Malgré ces obstacles, un travail important de redécouverte est en cours, et il est aussi laborieux que bénéfique. Il implique la retranscription de partitions qui n'ont jamais été jouées et le déchiffrage de manuscrits anciens. Un recensement exhaustif est nécessaire pour explorer l'histoire musicale dans toute sa diversité.

Titre
Femmes compositrices
Contenus
Louise Farrenc

Louise Farrenc est née à Paris en 1804, elle estlafille du sculpteur Jacques-Edmé Dumont et de Marie Elizabeth Louise Courton.

Dès le plus jeune âge, elle reçoit une éducation musicale approfondie avec des cours de piano, d’harmonie et de composition. Des études qu’elle poursuit auprès de figures importantes de l’époque. Parmi ses professeurs figure notamment Antoine Reicha, compositeur, théoricien et professeur de musique.

Elle interrompt pour un temps ses études quand elle se marie en 1821 avec le flûtiste, compositeur et éditeur de musique Aristide Farrenc (1794-1865). Avec, elle aura une fille, Victorine, qui sera une excellente pianiste mais elle meurt prématurément en 1858 à l'âge de 32 ans.

Malgré son talent, Louise Farrenc peine à se faire une place dans le milieu musical, un milieu largement dominé par les hommes. En 1842, elle devient la première femme à être nommé professeur de piano au Conservatoire national de Paris, une belle reconnaissance pour sa musique et son talent.

Entre 1841 et 1847, elle se consacre pleinement à la composition. Dans une époque où les femmes compositrices n'ont pas leur place, Louise Farrenc va marquer son temps en étant l'une des rares femmes, si ce n'est la seule à composer des symphonies. Louise Farrenc aime mêler différentes familles d'instruments dans sa musique, si bien que composer des symphonies devient une évidence pour elle. Sa maîtrise des œuvres instrumentales s'étend par la composition de nonnettes ou encore sextuors.

Malgré tout, son talent ne lui suffira pas pour faire jouer sa musique. Déjà de son vivant, elle peine à se faire une place. Même si Louise Farrenc était professeur au conservatoire, même si Louise Farrenc composait des symphonies d'anthologie, même si elle était applaudie et reconnue… Les mêmes si s'enchainent et même si c'était une grande artiste, son nom a été oublié de l'histoire de la musique classique.

Ces dernières décennies, Louise Farrenc est redécouverte. Sa musique se retrouve plébiscitée et les artistes d'aujourd'hui s'en saisissent. Une manière de donner de la lumière à une compositrice injustement oubliée.

  • Louise Farrenc : Symphonie n°3 en sol mineur op. 36 par l'Orchestre philharmonique de Radio France

Clara Schumann

Clara Schumann, Clara Wieck de son nom de naissance, est née en 1819 à Leipzig en Allemagne. Fille du grand pianiste Friedrich Wieck et de Mariane Bargiel, elle aussi pianiste, Clara Schumann découvre la musique dès son plus jeune âge.

Alors qu'elle n'a que 5 ans, ses parents divorcent. À partir de là, Clara vit seule avec son père, une figure autoritaire. Il lui enseigne le piano et le solfège, si bien qu'elle donne des concerts et compose alors qu'elle n'a que 9 ans. Sa langue maternelle n’est pas l’allemand mais bien la musique.

De concert en concert, elle se construit une grande réputation en tant que pianiste en Europe. Elle est admirée par les compositeurs de son époque ; sa route croisera notamment celle de Mendelssohn, Liszt, Chopin, Paganini…

À côté de sa vie d’artiste, Clara Schumann a une vie sentimentale plutôt agitée. Elle n'a que 9 ans lorsqu'elle fait la rencontre de son futur mari, Robert Schumann (1810-1856). Ce dernier, de 10 ans son aîné, va devenir l'élève de son père et les deux se fréquentent tout au long de l'adolescence de Clara. Cette amitié finit par se transformer en amour. Robert Schumann fait sa demande en mariage lorsque Clara a 18 ans. Pour autant, un grand obstacle se dresse face au couple, le refus du père de Clara. Ce conflit familial prend des proportions incroyables et l'histoire se finit devant la justice. Finalement, à l'issue d'un an de procès Clara épouse Robert, à l'âge de 21 ans, laissant des traces indélébiles sur la relation père-fille.

Tout comme les prémisses de ce mariage, la vie de couple n'est pas aisée.Compositrice, musicienne, épouse et mère, Clara Schumann a souvent sacrifié sa carrière de musicienne pour s'occuper de ses huit enfants et de son époux. Robert Schumann avait une santé mentale fragile. Ses nombreuses angoisses pèsent sur Clara et elle lui dédie une grande partie de son temps. Cette spirale négative progresse au fil des années. En 1854, Robert tente de se suicider et en 1856 il décède après avoir été interné.

Même après la mort de son mari, Clara ne se remet pas vraiment à la composition. Sa vie de compositrice est donc bien derrière elle, mais pas celle de pianiste. Elle continue les tournées en Europe où elle joue les œuvres de son défunt mari. Elle décède finalement en 1896.

Grande artiste, c'était pourtant son mari qui était considéré comme le génie. Beaucoup disent que si elle avait consacré tout son temps à la composition elle aurait été encore plus loin, cela alors même que certaines de ces compositions sont aujourd'hui considérées comme des chefs d'œuvre.

  • Clara Schumann : Romance en la mineur (Marie Vermeulin)

Contenus
Sophie Gail

Sophie Gail est née en 1775à Paris. Fille de Claude-François Garre, chirurgien du roi, et d'Adélaïde Colloz, une aristocrate ayant reçu aux dires de son mari "une instruction au-dessus de son sexe", elle grandit dans une famille aisée et côtoie des figures influentes.

Dès l’enfance, elle baigne dans la musique. Elle apprend le piano et le chant, se voyant offrir une éducation musicale digne des jeunes filles nobles du XVIIIe siècle. En 1790, à peine âgée de 14 ans, elle publie sa première romance, un genre qui suscite l'engouement de l'époque. A 19 ans, elle épouse l'helléniste Jean-Baptiste Gail (1755-1829). Elle prend alors son nom, Sophie Garre devient Sophie Gail, et c'est avec ce dernier qu'elle obtient sa notoriété. L'année de son mariage, elle donne naissance à Jean-François, son premier enfant. Finalement, les deux époux divorcent en 1801. Par la suite, elle aura 3 autres fils, nés de 3 pères différents, un style de vie illustrant son désir de liberté.

La Révolution Française bouleverse la vie de Sophie et laisse des traces sur les finances de sa famille. Ruinée et divorcée, elle se consacre pleinement à la musique. Elle compose mais gagne surtout sa vie comme pianiste et cantatrice dans le registre classique. Sophie Gail entame des tournées à travers la France et l'Europe, où elle chante et accompagne ses romances avec passion. Pour parfaire son art, elle se forme auprès de grands musicologues et compositeurs tels que François-Joseph Fétis, François-Louis Perne, et Sigismond von Neukomm.

En 1813, elle compose son premier opéra-comique, Les deux jaloux. L'œuvre rencontre un grand succès et sera programmée au théâtre parisien pendant 26 ans. Sophie Gail continue d'écrire pour l'opéra mais ce n'est qu'en 1818 qu'elle rencontre de nouveau le succès avec La Sénérade, composée en partie avec Manuel Garcia sur un livret de Sophie Gay.

Elle succombe en 1819 à une maladie pulmonaire à l'âge de 43 ans. Elle laisse derrière elle un vaste répertoire, composé de nombreuses romances et quelques opéras comiques.

Sophie Gail est une figure féminine importante de l'opéra du XIXè siècle. Elle incarne la liberté et le peu de succès rencontré par les compositrices de l'époque. Sophie Gail s'inscrit dans un contexte qui est loin d'être favorable aux femmes. Dans la musique, on admet volontiers pour une femme le rôle de muse ou d'interprète mais pas celui de compositrice. L'enseignement institutionnel de l'écriture est réservé aux hommes. Un monopole du savoir qui fait passer les partitions féminines pour un "ouvrage de dame", dont on n'attend rien. Sophie Gail dénote par rapport à ce contexte.

Cependant, bien qu'elle connut une certaine notoriété de son vivant, elle tomba vite dans l'oubli après sa mort. Un sort semblable à l'ensemble des figures féminines de la création musicale dont les noms n'ont pas été retenus par la postérité.

Ces dernières décennies, le monde redécouvre son héritage musical et l’apprécie. Ainsi, cette redécouverte des compositrices oubliées est le pari qu’a décidé de suivre l’Opéra de Rennes en faisant jouer La Sérénade.

  • Opéra Royal du Château de Versailles, Romances d'Empire, Sophie Gail

On en parle...

Documents en +

Certaines ressources sont déjà disponibles sur notre site internet. Vous pouvez les retrouver sur la page du spectacle Julie M, en garde et en scène : teaser, photographies, distribution, reportage.

D'autres ressources peuvent vous être communiquées si vous le souhaitez, comme le dossier artistique.

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